Dorien Camps est la force motrice de Bossy
« Confectionnez un Business plan. » « Dressez un plan financier. » « Faites ceci. » « Faites cela. »… Devenir indépendante était dès le départ l’objectif de Dorien Camps, mais la liste des to-do’s qu’elle a découverte en ligne l’a un peu refroidie. « Ma recherche d’un autre type d’inspiration et d’informations m’a amenée à lancer le magazine Bossy et m’a donné l’impulsion nécessaire pour sauter le pas. »
« J’ai travaillé pendant sept ans dans une petite maison d’édition, dit-elle, mais je savais que j’en voulais plus. Je voulais devenir indépendante. Pour moi, l’idée n’avait rien de saugrenu car mes parents, mon frère et mon mari étaient indépendants. Ce qui m’arrêtait, c’étaient les listes que je trouvais en ligne, dans lesquelles on me disait tout ce qu’il fallait faire pour démarrer. Je n’avais pas de plan – ni business ni financier – et je me demandais s’il n’y avait pas d’autre moyen de devenir indépendante. Ou si d’autres indépendant·e·s ne pourraient pas m’aider de leurs conseils. Je suis donc allée interviewer des indépendants, notamment Yuri Vandenbogaerde et Dries Henau, les créateurs de Wasbar et Chez Claire. Cela m’a donné une énergie positive et a renforcé ma conviction que l’entrepreneuriat était ma voie. » |
Ces entretiens inspirants ont été le point de départ du tout premier numéro du magazine Bossy.
Dorien: « Ce premier numéro, c’était un numéro spécial “start-up”. On pourrait dire que je l’ai surtout fait pour moi. Je trouve, aujourd’hui encore, que c’était un bon point de départ car il restait très proche de mon univers et traitait d’informations que je trouvais moi-même utiles. Évidemment, il faut aussi s’intéresser aux attentes du marché, mais nous avons constaté que beaucoup de gens se sont reconnus dans ce premier numéro. Ce que nous faisons est pur et honnête, et c’est très important aujourd’hui. Cette touche personnelle fait aussi partie du caractère spécifique de Bossy. »
Pourquoi un magazine spécifiquement destiné aux entrepreneuses ?
Dorien: « Parce que j’étais moi-même restée sur ma faim. Tous les magazines consacrés à l’entrepreneuriat semblaient s’adresser à des hommes d’une cinquantaine d’années, de préférence en costume bleu et cravate rouge – regardez donc les couvertures. Ce n’est pas comme ça que vous m’attirerez ni la majorité des femmes. Bossy adopte une tout autre approche et publie des articles et des conseils émanant d’entrepreneuses de chez nous. Un beau mélange de la femme qui réussit et de la girl next door qui bricole l’une ou l’autre chose, de telle sorte que chacune puisse toujours s’y identifier. »
Cette touche personnelle signifie-t-elle aussi que vous faites tout vous-même ?
Dorien: « Bien qu’il m’arrive de vouloir tout faire moi-même – il est difficile de déléguer son bébé créatif – je réalise que c’est impossible. J’ai donc rassemblé autour de moi une équipe qui compte des créatrices de contenu et une responsable de la mise en page, Lara. J’ai aussi eu rapidement besoin de quelqu’un qui puisse me remplacer pendant mon congé de maternité. C’est Isabeau qui a assumé cette tâche. Elle a fait un stage chez Bossy début 2019 et m’a remplacée six mois plus tard. Tout cela s’est très bien passé et m’a conforté dans l’idée qu’il n’est pas nécessaire de tout faire soi-même. Cette fois également, cette expérience a donné le thème du magazine : le travail en équipe. Avec des questions comme : comment rassembler autour de soi les gens adéquats ? Comment diriger ? »
Un entrepreneur débutant a plein de choses à apprendre : construire son affaire et la faire connaître, réseauter, assurer l’administration… Aviez-vous correctement évalué tout cela ?
Dorien: « Il y a beaucoup à faire, c’est vrai. Mais il est important de bien se rendre compte que tout cela n’est pas OBLIGATOIRE. On peut tout aussi bien se fixer un objectif chaque trimestre, et s’y tenir. Cet objectif, ce peut être par exemple “réseauter” ou “se construire une notoriété”. On sait alors qu’on n’aura pas beaucoup de soirées à soi, mais on peut aussi adapter le reste de sa journée en conséquence. Il faut que cela soit et reste amusant et faisable, pour qu’on puisse tenir le coup sur la durée. »
Le menu de votre site est fondé sur les concepts “travail”, “vie” et “équilibre”. Y réussissiez-vous vous-même ?
Dorien: « Je travaille assez efficacement. De plus, j’adhère au principe qu’il faut avant tout fixer un grand objectif avant de déterminer des objectifs plus petits. De cette manière, l’ensemble reste gérable. On ne peut pas tout faire. Il n’y a que 24 heures dans une journée : il faut les investir correctement car elles s’évaporeront bien vite si vous les passez à traîner sur les réseaux sociaux. Si, par contre, vous en faites bon usage, vous irez loin ! »
À propos de Bossy
Bossy est une plate-forme en ligne. C’est aussi un magazine. Son groupe-cible : les entrepreneuses. Mais comment Bossy fait-elle des affaires ? « Nous avons divers flux de revenus », explique Dorien. « Le magazine est mis en vente dans plus de 500 magasins de journaux de Flandre. Je crois dans la force et la valeur des médias imprimés, ne fût-ce que parce que nous passons tant de temps dans un monde en ligne fugace. Bossy permet de profiter offline en toute tranquillité. Pour moi, c’est avant tout un magazine. En ligne, nous publions des articles plus courts qui font écho à tout ce qui se passe, et nous développons notre communauté. Par ailleurs, Bossy a aussi un webshop et nous nous sommes associés à des partenaires pour proposer des produits et des services qui représentent une plus-value pour les entrepreneuses. D’autres sources de revenus, plus modestes, sont des conférences ou des partenariats ponctuels. »
Entreprendre, pas à pas
Dorien: « Ce n’est qu’après la parution du premier numéro de Bossy que je suis devenue entièrement indépendante dans le cadre d’une entreprise unipersonnelle et que j’ai quitté mon emploi. Auparavant, j’étais indépendante à titre complémentaire. Il faut bien réaliser que ce n’est pas parce que quelque chose est cool qu’il permet de gagner sa vie. Dans un premier temps, j’ai aussi gardé cinq clients pour mes activités de copywriter freelance. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que j’ai pu me dégager de ces engagements. Certains se plaisent à penser : “Dorien a la vie facile, elle peut faire ce qu’elle aime”. Mais la réalité est très différente : je suis aussi obligée de faire des choses qui me plaisent peut-être moins. Il faut bien gagner sa vie ! »