Spéciale Belge Taproom: 4 amis réalisent leur rêve
Début 2018, Davy Smeyers ouvre avec trois amis, en plein cœur d’Anvers, la brasserie “Spéciale Belge Taproom”. Le succès est au rendez-vous. Deux ans à peine après l’ouverture, les mêmes entrepreneurs sont prêts à franchir un nouveau pas : ouvrir une microbrasserie et une cuisine. Et il reste bien des projets dans les tiroirs.
Vous avez travaillé pendant 20 ans dans l’horeca avant de lancer votre propre entreprise.
Davy : « C’est en effet curieux. Enfant déjà, je rêvais d’avoir ma propre affaire. D’abord une friterie, puis un café. Mais la crainte des complications administratives et des risques financiers qu’implique le statut d’indépendant m’a longtemps empêché de sauter le pas. Les dernières années, j’ai lancé plusieurs établissements horeca en tant que gestionnaire de projets salarié. Quand j’arrivais au terme d’un projet, un autre se manifestait. Un jour, j’ai réalisé que j’en savais assez pour lancer ma propre affaire. Cette intime conviction et la chance extraordinaire de pouvoir louer un ancien hangar sur le site du PAKT, un centre d’affaires situé à Anvers , ont été le déclic. »
Et ensuite, tout a été très vite ?
Davy: « Très vite en effet. Dès que j’ai vu le bâtiment, je me suis dit que c’était ma chance. Le hangar était suffisamment grand pour accueillir à la fois un café et une brasserie. J’ai contacté Kobe qui cherchait à l’époque à ouvrir un café, et je lui ai proposé de nous lancer ensemble dans cette aventure. Uwe et Bavo, deux autres fervents amateurs de bière, ont embarqué avec enthousiasme dans notre projet, et chacun de nous est actuellement propriétaire d’un quart de Spéciale Belge Taproom, ce qui nous donne l’occasion de répartir et de réduire les risques. »
Comment se passe la collaboration avec les amis ?
Davy: « Très bien. Ce qui est bien, c’est que chacun de nous a sa propre spécialité. Dans notre équipe, les tâches sont clairement réparties. Vu ma formation de comptable et de fiscaliste, j’assume la plus grande partie des paperasseries, ce qui permet aux autres de se focaliser sur d’autres matières. Notre philosophie est de limiter autant que possible les frais en faisant nous-mêmes une grande partie du travail. Nous avons par exemple travaillé pendant des mois d’arrache-pied à mettre le café au point. Tout ce qui a trait à la plomberie, à l’électricité, au bar, aux tables, à l’éclairage… nous avons tout fait nous-mêmes. Ce qui nous a permis d’épargner bien des frais. »
Et vous avez réussi ?
Davy : « Dès le premier jour, le café a tourné à plein. Tous nos investissements de départ sont amortis. Pour développer plus vite la microbrasserie, nous avons emprunté un petit montant qui sera remboursé fin 2020. »
Et vous employez déjà du personnel ?
Davy : « Actuellement, non. Du point de vue financier, nous pourrions nous le permettre, mais pour le moment, nous voulons investir au maximum dans notre croissance. Quand notre concept sera entièrement sur ses rails, nous avons l’intention d’engager du personnel. Cela signifie que nous passons actuellement 90 % de notre temps derrière le comptoir. Pour nous donner un peu de temps libre, il arrive que, le week-end, nous engagions des flexi-jobbers, des étudiants et des extras. »
Comment voyez-vous cette croissance ?
Davy : « Pour le moment, nous nous concentrons sur le lancement d’une microbrasserie ici, au café. Une fois qu’elle sera au point, nous brasserons nos propres bières. Kobe et moi suivons déjà une formation qui nous permettra d’être reconnus comme brasseurs dès avril. Uwe et Bavo suivront cette formation plus tard cette année. Notre carte des bières se modifie déjà actuellement toutes les semaines, mais nous avons l’intention de la compléter encore avec nos propres produits. De plus, nous allons donner nous-mêmes des ateliers de brasserie et mettre à la disposition de brasseurs amateurs le matériel brassicole qui leur permettra de travailler de façon plus professionnelle. Notre idée est de faire en sorte qu’ils se créent leur propre bière et la brassent pour certaines occasions : fêtes de mariages, de baptêmes, d’entreprises, etc. Cette microbrasserie doit voir le jour rapidement car elle est pour nous une façon de nous distinguer et de devancer la concurrence. Ensuite, le chiffre d’affaires supplémentaire que générera cette activité, nous l’investirons dans une cuisine. Nous constatons en effet que le café a tendance à se vider à l’heure des repas. Pour éviter cela, nous voulons proposer à nos clients un nombre limité de plats qui ont un rapport avec la bière. À cet effet, nous allons collaborer avec un traiteur externe. Dans cette activité comme dans les autres, nous privilégions la qualité. »
Et l’avenir ?
Davy : « Si notre microbrasserie fonctionne bien, nous chercherons un nouveau site où établir une plus grande brasserie. Nous l’utiliserons pour notre propre production, et la louerons à d’autres entreprises qui ne possèdent pas de brasserie propre. Ici aussi, nous souhaitons de préférence combiner ce projet avec un café portant le nom de Spéciale Belge Taproom. À terme, nous rêvons d’étendre notre concept à d’autres villes. C’est une des raisons pour lesquelles nous nous sommes embarqués à quatre dans cette aventure : mener ensemble quatre affaires dans lesquelles chacun de nous gère un café. »
Le concept
Spéciale Belge est une méthode brassicole qui produit une bière ambrée de haute fermentation à faible pourcentage d’alcool. Ce style a vu le jour lorsque, dans les années 1900, les bières belges se sont vues concurrencées par des bières britanniques, allemandes et tchèques. Par réaction, les brasseurs belges ont développé une bière unique, la “Spéciale Belge”, à savoir une bière plus facile et moins chère à produire que la pils. Les exemples les plus réputés de Spéciale Belge sont la Palm et la De Koninck.
Chez Spéciale Belge Taproom sont proposées des bières de toutes couleurs, mais pas les bières connues que l’on sert dans la plupart des cafés. Elles diffèrent aussi des marques essentiellement étrangères que l’on trouve dans les cafés spécialisés anversois. L’enseigne mise pleinement sur les bières de microbrasseries belges ainsi que d’autres marques moins courantes.
Les pièges de la conduite des affaires
Davy : « Je crois que le plus grand piège pour un entrepreneur est de ne pas plonger. Vous avez toutes les chances de réussir si vous avez sondé le niveau d’intérêt que le public accorde à votre concept, et si vous avez l’ambition de vous y consacrer à fond. Mais il faut avoir bien conscience qu’en tant que starter, vous allez devoir consacrer non pas 40 mais 100 heures par semaine à votre affaire. Il est indispensable de prévoir suffisamment de temps pour, par exemple, des réunions avec le comptable, les fournisseurs, les offres à faire, le paiement des factures, etc. »