Les Belges qui cumulent deux emplois sont un quart de plus qu’il y a 10 ans
Bruxelles, le 21 février 2024 – 5 % des Belges actifs cumulent deux emplois, soit un quart de plus qu’il y a dix ans. La Belgique connaît la hausse la plus importante par rapport à ses voisins, même si les Néerlandais actifs restent deux fois plus nombreux à avoir deux emplois. Quant aux personnes actives de plus de 65 ans, elles sont presque 68 % de plus à occuper un second emploi par rapport à il y a dix ans. C’est ce qu’il ressort d’une étude comparative menée par l’entreprise de services RH Acerta sur la base des données d’Eurostat.
Un Belge sur vingt cumule deux emplois
Les Belges actifs sont de plus en plus nombreux à cumuler plusieurs emplois. On en dénombre actuellement 253 900 qui occupent deux emplois, soit 5 % de notre population active et près d’un quart de plus (+24,7 %) qu’il y a dix ans. Parmi eux se trouvent les indépendants en activité complémentaire, les personnes qui cumulent deux emplois à temps partiel, celles qui combinent leur activité principale avec un flexi-job, etc.
Illustration 1 : Pourcentage de Belges actifs occupant un second emploi – 2013-2023 – Chiffres d’Eurostat
La hausse la plus importante parmi tous les pays voisins
Parmi nos pays voisins, aucun n’a connu une augmentation du nombre de personnes actives occupant deux emplois aussi importante que la nôtre au cours de la dernière décennie, comme le révèle l’étude d’Acerta basée sur les données d’Eurostat. En Allemagne (-8 %) et en France(-19,4 %), ce chiffre a même diminué au cours de la dernière décennie. Chez nos voisins du nord, nous constatons une augmentation similaire à la nôtre (+24 %), mais le nombre de Néerlandais qui occupent un second emploi reste deux fois plus élevé qu’en Belgique. En effet, pas moins de 10,3 % de la population active y cumule deux emplois.
Illustration 2 : Pourcentage de personnes actives occupant un second emploi – Belgique et pays voisins – 2013-2023 – Chiffres d’Eurostat
Laura Couchard, experte juridique d’Acerta Consult, explique : « Plusieurs raisons expliquent pourquoi les Belges sont de plus en plus nombreux à cumuler deux emplois. Certains ne souhaitent pas ou ne peuvent pas se consacrer à plein temps à un seul emploi, si le poste qu’ils occupent est physiquement lourd ou ne leur permet pas d’exprimer toute leur créativité, par exemple. D’autres, en revanche, décident de travailler en plus de leur emploi principal, par exemple dans le cadre d’un flexi-job, pour s’octroyer un peu plus de marge financière, en particulier en ces temps où le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Les règles en matière de revenus supplémentaires ont également été assouplies, il est donc logique que cette solution attire de plus en plus de personnes. Les raisons qui expliquent cette hausse sont donc purement financières, mais concernent aussi le fond et l’aspect pratique. »
Véritable pic chez les plus de 65 ans
L’analyse d’Acerta révèle une autre tendance des plus intéressantes : la hausse la plus importance du nombre de personnes occupant deux emplois concerne les personnes actives de plus de 65 ans. En 2023, 3.700 personnes âgées de plus de 65 ans occupaient deux emplois en Belgique, soit 5,1 % de tous les Belges actifs âgés de plus de 65 ans. Par rapport à nos pays voisins, nos 5,1 % nous placent dans la moyenne : en Allemagne, seuls 2,8 % des personnes actives de plus de 65 ans ont deux emplois, en France 5,3 % et aux Pays-Bas 8,6 %.
Illustration 3 : Pourcentage de personnes actives de plus de 65 ans occupant un second emploi – 2013-2023 – Chiffres d’Eurostat
Laura Couchard poursuit : « Bien que les personnes actives de plus de 65 ans qui occupent un second emploi restent une petite minorité, elles sont de plus en plus nombreuses. Il n’est pas rare qu’elles occupent également un segment professionnel visible, par exemple dans la logistique, en tant que chauffeurs approvisionnant les pharmacies ou livrant des repas à domicile. »
Cumuler deux emplois, une pratique plus répandue dans certaines professions
Eurostat dispose également de données par catégorie professionnelle, selon la classification CITP-08, une classification basée sur le type de tâches exécutées/assignées indépendamment du secteur. Ainsi, les catégories « managers » (OC1), « professions intellectuelles, scientifiques et artistiques » (OC2) et « professions intermédiaires » (OC3) contiennent un nombre supérieur à la moyenne de personnes occupant un second emploi. Leur nombre est nettement inférieur à la moyenne parmi les « métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat » (OC7), les « professions élémentaires » (OC9) et les « conducteurs de machines et d’installations, et ouvriers de l’assemblage » (OC8).
Illustration 4 : Pourcentage de Belges actifs occupant un second emploi – 2013-2023 – par catégorie professionnelle selon la classification CITP-08 – Chiffres d’Eurostat
Cumuler deux emplois : le revers de la médaille
Laura Couchard conclut : « Cumuler deux emplois soulève également certaines préoccupations, et ce, à deux égards : le bien-être financier et le bien-être mental. Par le biais des questions provenant de clients-employeurs, Acerta Consult sait que les collaborateurs qui ont deux emplois ont une charge de travail plus lourde, au point même de se retrouver en maladie, ce qui est évidemment un problème. Une contradiction apparaît également : d’une part, les autorités prônent la semaine de 38 heures afin de protéger le bien-être des travailleurs, et de l’autre, elles les incitent à prendre un flexi-job. Le champ d’application des flexi-jobs a d’ailleurs été élargi à deux reprises récemment. On observe un autre inconvénient, mais sur le plan financier cette fois. Occuper un second emploi est censé avoir un effet positif sur les entrées financières du ménage, mais ce n’est pas toujours le cas. Ou du moins, cela n’a pas toujours l’effet escompté. Les connaissances sur l’impact financier sont parfois insuffisantes et peuvent donc créer des surprises, notamment en matière de cotisations sociales et d’impôts. Ce n’est évidemment pas à l’employeur (principal) de faire le calcul à la place du travailleur, mais que faire lorsqu’un travailleur est quelque peu démuni en matière de finances et se laisse surprendre ? C’est une question que se posent également nos clients-employeurs. Non, cumuler deux emplois n’est pas forcément positif ou négatif, il y a de nombreux aspects à prendre en compte. »
À propos des chiffres
L’analyse a été réalisée sur la base des chiffres officiels d’Eurostat, la direction générale de l’Union européenne chargée de l’élaboration des statistiques. Elle porte sur les années 2013 à 2022 et couvre les quatre trimestres de chacune de ces années. Les chiffres du quatrième trimestre 2023 n’étant pas encore disponibles au moment de l’analyse, une moyenne des trois premiers trimestres de l’année (janvier-septembre) a été effectuée. En ce qui concerne les types de professions, Eurostat utilise les définitions de l’OIT (Organisation internationale du travail).
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