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18 % des entreprises s’attendent à devoir embaucher de nouveaux travailleurs en raison de la vague de numérisation

Bruxelles, le 25 octobre 2024 – L’évolution fulgurante de l’intelligence artificielle (IA) va-t-elle entraîner la suppression d’emplois ou, au contraire, en créer de nouveaux ? Les dirigeants d’entreprise belges sont divisés. Par rapport à l’année dernière, les entrepreneurs sont deux fois plus nombreux à penser qu’ils auront besoin de moins de personnel, mais dans le même temps, 18 % des entreprises belges s’attendent à ce que la numérisation les oblige à embaucher davantage de travailleurs. En revanche, les entreprises s’accordent à dire que leurs travailleurs ont besoin de formations afin d’actualiser leurs connaissances en matière d’IA. Les trois quarts des dirigeants d’entreprise estiment d’ailleurs que ces connaissances sont insuffisantes. Bien que 86 % des travailleurs affirment qu’ils s’adaptent déjà bien, voire très bien aux dernières évolutions technologiques, nombre d’entre eux devront se recycler et se reconvertir pour s’adapter à l’évolution du contenu de leur travail. Ainsi, la capacité d’adaptation est en passe de devenir une qualité indispensable. C’est ce que révèle l’enquête menée par Acerta Consult auprès de 500 entreprises et de 2.700 travailleurs actifs dans notre pays. 

Enquête menée par Acerta Consult sur l’impact de l’IA sur le marché de l’emploi : 

  • 29 % des dirigeants d’entreprise pensent que l’IA réduira leurs besoins en personnel, soit deux fois plus qu’il y a un an (14 %) ; 
  • Parallèlement, 18 % des entreprises s’attendent à avoir besoin de plus de personnel en raison de la numérisation, alors qu’elles étaient à peine 4 % l’année dernière ; 
  • Trois dirigeants d’entreprise sur quatre constatent un manque de connaissances sur l’IA parmi leur personnel. Les travailleurs, quant à eux, sont 86 % à estimer maîtriser l’IA ; 
  • Sept entreprises sur dix prévoient déjà des formations en matière d’IA pour leur personnel. 27 % en organisent déjà actuellement et 42 % le feront dans un avenir proche. 

Les employeurs se montrent en grande partie enthousiastes à l’égard de l’intelligence artificielle (IA) : huit personnes sur dix pensent que l’IA est synonyme d’opportunités pour leur entreprise. Seul un employeur sur cinq considère la numérisation effrénée (plutôt) comme une menace pour l’entreprise.  

L’enquête d’Acerta Consult montre toutefois que les dirigeants d’entreprise estiment que tous leurs travailleurs ne sont pas encore prêts à accueillir cette numérisation. Trois entreprises sur quatre pensent en effet que leurs travailleurs manquent encore de connaissances sur l’IA et d’autres applications numériques. Plus d’un quart (28 %) d’entre elles reconnaissent qu’une grande partie de leur personnel possède des compétences numériques insuffisantes. Un peu moins de la moitié (47 %) constate également cette lacune, mais seulement chez une minorité de son personnel. La proportion d’employeurs qui peuvent affirmer que leur personnel est pleinement en mesure d’accueillir l’évolution numérique n’est que de 25 % aujourd’hui. Ces chiffres sont d’autant plus frappants que les travailleurs eux-mêmes déclarent « être à niveau » sur le plan numérique. Dans l’enquête d’Acerta Consult, 86 % des travailleurs ont en effet indiqué qu’ils maîtrisaient l’IA. 

L’impact sur l’emploi

L’IA entraînera-t-elle une suppression ou une création d’emplois ? Les entrepreneurs belges sont loin d’être unanimes sur la question. Près de trois entreprises sur dix (29 %) pensent qu’elles auront besoin de moins de collaborateurs, soit bien plus qu’il y a un an où 14 % des personnes interrogées s’attendaient à ce que l’IA entraîne des licenciements dans leur entreprise. Parallèlement, certaines entreprises belges estiment également que l’arrivée de l’IA aura une incidence positive sur les effectifs. Près d’un cinquième (18 %) d’entre elles pensent en effet qu’elles devront embaucher davantage de personnes en raison du développement de l’IA, alors qu’elles n’étaient que 4 % il y a un an.  

Illustration 1 : Impact de l’IA estimé par les employeurs – double enquête employeurs-travailleurs 2024 Acerta Consult/Indiville 

Les travailleurs restent également très incertains quant à l’impact de l’IA sur leur travail. 34 % pensent que l’IA n’aura aucun effet sur leur travail et 17 % n’ont aucune idée de l’impact qu’elle aura sur leur travail. En d’autres termes, près de la moitié d’entre eux s’attendent donc à ce que l’IA modifie le contenu de leur travail. Pour les postes de direction, ces chiffres (76 %) sont beaucoup plus élevés que pour les personnes qui occupent une fonction exécutive (38 %) ou les ouvriers (32 %). 

Illustration 2 : Pensez-vous que l’IA aura un impact sur la façon dont vous exercez votre métier ? Ensemble des travailleurs, cadres supérieurs, ouvriers, personnel exécutif – enquête travailleurs 2024 Acerta Consult/Indiville  

Maria Ferritto, experte en RH chez Acerta Consult, explique : « Nous remarquons que certains profils, comme le personnel exécutif, s’attendent moins à ce que l’IA modifie leur travail de manière significative. Les professions où la connaissance et la création jouent un rôle crucial sont les premières visées par la numérisation et l’automatisation. Bien que l’IA soit un outil rapide et intelligent, il n’existe pas aujourd’hui de systèmes autonomes fiables pour remplacer les emplois. Celles et ceux qui utilisent l’IA, en revanche, seront en mesure d’obtenir de meilleurs résultats, et d’augmenter ainsi leur productivité. Cela contribuera à relever le véritable défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui : la pénurie de main-d’œuvre. Il est donc très important que les entreprises belges surveillent l’évolution de l’IA de près, avec toutes les opportunités et les menaces qui l’accompagnent, mais aussi qu’elles communiquent avec leur personnel à ce sujet, et ce, au moment opportun. La capacité d’adaptation à un nouvel environnement de travail va devenir une compétence indispensable sur le marché du travail de demain. Les travailleurs devront non seulement se recycler, mais aussi se reconvertir lorsque leurs tâches changeront du tout au tout suite à la numérisation. À l’avenir, la fonction du comptable sera par exemple plus axée sur le conseil que sur le calcul, et celle du traducteur plus sur la vérification que sur la rédaction. » 

Formations en matière d’IA

Les formations sur le lieu de travail sont également essentielles pour renforcer les connaissances sur l’IA et les applications numériques. Sept entreprises sur dix entreprises affirment s’être déjà penchées sur la question. Dans quelque trois entreprises sur dix (27 %), les travailleurs suivent déjà des formations visant à faciliter leur travail ou à le rendre plus efficace avec l’aide de l’IA. 42 % des dirigeants d’entreprise ont en outre indiqué qu’ils souhaiteraient organiser ce type de formations dans un avenir proche afin d’actualiser les connaissances de leurs travailleurs. 

Maria Ferritto poursuit : « L’alphabétisation numérique deviendra encore plus importante avec l’évolution fulgurante de l’IA. Le constat que font ici les employeurs n’a rien de neuf : nous savons pertinemment qu’une partie de la population manque encore de compétences numériques. Or, la culture numérique devient de plus en plus un prérequis, non seulement sur le marché du travail, mais aussi dans la vie de tous les jours. Compte tenu des prévisions en matière d’IA, il n’aura jamais été aussi clair qu’il n’y a pas une minute à perdre si nous ne voulons pas continuer à évoluer à deux vitesses. La formation numérique au travail est un investissement qui portera ses fruits dans la guerre des talents, mais qui aura aussi une portée bien au-delà des murs de l’entreprise. » 


À propos des chiffres  

Les données sont issues de l’enquête miroir annuelle qu’Acerta Consult fait réaliser par le bureau d’enquête Indiville auprès d’un échantillon représentatif composé de plus de 500 employeurs et de 2.700 travailleurs. Les données des entreprises ont été pondérées pour être représentatives de la Belgique quant au nombre de travailleurs dans les entreprises actives d’au moins 5 travailleurs. Les données des travailleurs ont également été pondérées afin d’être représentatives de la Belgique en termes de statut, d’âge, de sexe, de langue et de secteur. Les questionnaires ont été remplis entre le 17 et le 31 janvier 2024 par les employeurs, et entre le 16 janvier et le 1er février 2024 par les travailleurs. Cette approche permet d’offrir une perspective historique du point de vue des employeurs et des travailleurs.  


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Veuillez contacter Acerta – Sylva De Craecker

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Sylva.De.Craecker@acerta.be

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