Sibren De Preter a lancé start-up 6Wolves avec deux partenaires
Sibren De Preter s’est donné pour mission d’aider les gens à mener la meilleure vie possible. En avril 2019, il a quitté sa cage dorée pour lancer “6Wolves” avec deux anciens collègues. Cette start-up l’a rapproché un peu plus de son objectif. « Quand on est indépendant, il faut oser être confiant que tout va bien se passer. »
D’où vous est venue l’idée de créer 6Wolves ?
Sibren: « À vrai dire, c’est une histoire très personnelle et à deux facettes. Enfant, j’étais terriblement timide et peureux. J’aimais rien tant que me réfugier à la maison, dans le cocon familial. C’est surtout ma mère qui jouait un rôle majeur dans cette maison chaleureuse mais en tant que kinésithérapeute indépendante, elle n’avait pas beaucoup de temps. D’autre part, j’étais nul en sport. J’arrivais toujours bon dernier dans les courses à pied. Vers 20 ans, j’ai décidé de vérifier si je ne pouvais pas améliorer mes performances. J’ai analysé ce que je devais manger, comment je devais m’entraîner, quelles chaussures je devais porter… Résultat, un an plus tard, je figurais parmi les meilleurs coureurs de Belgique. Cela m’a ouvert les yeux : si l’on fait un travail sur soi, on peut tout changer. Le sport est extrêmement important pour moi. Il a été le catalyseur de mon développement personnel. Je me suis épanoui et il n’a plus été question de timidité. »
« Ces cinq dernières années, j’ai travaillé dur à mon développement. Je me suis mis en quête d’une mission dans ma vie, et je suis très vite arrivé à la conclusion que je voulais aider les gens à optimiser la leur. L’an dernier, ce souhait est devenu un peu plus concret. J’ai travaillé avec Willem à un projet important en Chine, en tant que consultant stratégique pour la firme Arthur D. Little. Les longues journées de travail nous ont alors empêchés de faire du sport, ce qui nous a tous terriblement frustrés car nous en étions de fervents adeptes. Nous avons commencé à discuter entre nous et à rêver de lancer notre propre start-up, une activité dans laquelle nous pourrions combiner nos deux passions : le sport et la technologie. C’est ainsi qu’est née l’idée de 6Wolves. Il y a quelques mois, Fabrice nous a rejoints et nous sommes à présent trois gérants. »
Devenir indépendant : une étape difficile ?
Sibren: « Cela nous a demandé du temps, oui. La consultance est une activité qui exige de consacrer de longues journées au travail et d’accepter d’être souvent absent de chez soi, mais qui est très correctement rémunérée. Une cage dorée, en quelque sorte, que l’on ne quitte pas sur un coup de tête. Avant de faire le grand saut, il m’a tout de même fallu réfléchir quelques mois à la manière dont j’allais compenser cette perte de revenus. Mais, en définitive, il faut être confiant et se dire que les choses vont se dérouler au mieux en tant qu’indépendant. »
À quel point ce choix vous plaît-il à présent ?
Sibren: « Pleinement. Je sais maintenant que lorsqu’on se trouve dans la cage dorée, les choses ont l’air plus effrayantes qu’elles ne le sont en réalité. Je constate aujourd’hui que tout peut être différent. Un indépendant jouit de la liberté d’organiser sa vie à sa manière. Il n’est plus tenu de travailler en fonction d’un schéma déterminé. De plus, il peut parfaitement joindre les deux bouts. Les premiers mois, au moment des préparatifs du lancement de la start-up, j’ai travaillé deux ou trois jours par semaine en tant que consultant freelance pour rendre les choses financièrement acceptables. »
Où avez-vous trouvé les capitaux nécessaires à 6Wolves ?
Sibren: « Nous avons contribué tous les trois pour une partie, et nous avons pu compter sur diverses subventions, notamment un subside de l’Agence flamande pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat (VLAIO) et le portefeuille PME. Nous avons en outre reçu des prêts win-win des amis et de la famille. Le tout a représenté quelques centaines de milliers d’euros. »
Et où en êtes-vous aujourd’hui ?
Sibren: « Pour l’instant, nous travaillons activement à la mise au point de notre prototype. Notre produit est une combinaison de matériel et de logiciel. Imaginez un bandeau équipé de capteurs que l’athlète porte au poignet, à la cheville, à l’épaule, au genou… Dans la phase actuelle, nous rassemblons une masse de données. Nous faisons effectuer de nombreux exercices par des athlètes tandis que nous les filmons. Ensuite, nous étiquetons les exercices comme “corrects” ou “incorrects”. Notre objectif est que notre prototype reconnaisse les exercices de rééducation et réagisse s’ils sont mal effectués. Actuellement, les patients vont une ou deux fois par semaine chez leur physiothérapeute pour faire des exercices, et les reproduisent ensuite chez eux. La motivation manque à beaucoup, et il n’est pas certain qu’ils effectuent les exercices convenablement. Notre appli lève cette incertitude. Désormais, une rééducation objective est possible, toujours et partout. »
Qui se trouve à la base de 6Wolves ?
Willem Romanus, Fabrice Verhaert et Sibren De Preter. Ces jeunes entrepreneurs ont été collègues durant quelques années chez Arthur D. Little, et partagent l’amour du sport et de la technologie. Cette passion commune a donné lieu à la création de 6Wolves en mai 2019.
À propos de 6Wolves
6Wolves est une entreprise technologico-sportive qui poursuit une double mission. Elle veut d’une part aider les sportifs à poursuivre une rééducation plus rapide et plus efficace. Et de l’autre, elle entend renforcer le modèle d’entreprise des physiothérapeutes. La solution est un traceur portable qui signale, par le biais de techniques d’apprentissage automatique, si les exercices de rééducation sont correctement effectués et comment les améliorer le cas échéant.
Les écueils qui guettent les entreprises
Que vous réserve l’avenir ?
Sibren: « Nous visons à lancer notre produit sur le marché à la fin de l’été 2020. À plus long terme, nous continuons à travailler à notre mission : aider les gens à devenir la version la plus en forme d’eux-mêmes. Nous voulons lancer une application destinée aux consommateurs qui indique notamment quels sont les exercices de fitness qu’il serait souhaitable qu’ils fassent ce jour-là, et qui signale s’ils les effectuent correctement. Il ne s’agit alors plus d’une rééducation mais d’un travail préventif qui permet d’éviter les blessures. C’est précisément cette analyse de correction qui nous différencie des nombreux fitness-trackers actuellement sur le marché. »