Hendrik Dierendonck : retour à la case départ suite au coronavirus
La boucherie, Hendrik Dierendonck est tombé dedans quand il était petit. Personne ne fut donc surpris lorsqu’il reprit en 2001 la boucherie de ses parents, Raymond et Anneke, laquelle il transforma en vitrine de sa vision.
En crescendo
« Je veux remettre la viande à la vue des passants. La transparence et la confiance, ce sont deux valeurs essentielles. » C’est ainsi que commença la quête des pièces de viande uniques et produites dans les règles de l’art. La confiance de sa clientèle a permis à son affaire de se développer. La boucherie de Saint-Idesbald s’est offert un relooking, tandis que Hendrik s’est fait un nom en remettant la rouge des Flandres sur la carte. « Artisanat, territoire et passion : voilà les trois concepts qui caractérisent Dierendonck. »
« Le plus grand défi que pose la croissance est de conserver sa qualité et sa philosophie. Rester toujours fidèle à soi-même. » Et le pari a été tenu. Dierendonck a ouvert trois nouveaux ateliers à Nieuport, Courtrai et Bruxelles ainsi que son propre restaurant de viande à la côte dénommé « Carcasse », « un projet totalement fou » récompensé d'une étoile Michelin. En outre, l’entreprise fournit de la viande à d’autres grands restaurants et chefs étoilés tels que Sergio Herman et Peter Goossens, deux noms qui ne lui sont d’ailleurs plus inconnus.
« Pour passer d’une boucherie à une équipe de septante personnes réparties dans tout le pays, j’avais besoin d’accompagnement et de suivi. C’est ainsi que je me suis tourné vers Acerta. Mes parents m’ont toujours appris que si je ne pouvais pas faire quelque chose moi-même, je ne devais pas hésiter à poser des questions et à faire appel à des personnes plus douées. L’accompagnement d’Acerta et les conseils d’autres entrepreneurs m’ont aidé à surmonter les difficultés que j’ai éprouvées durant ma croissance. »
L'entrepreneuriat aux temps du corona
Il y a un an environ, Dierendonck a discrètement commencé à créer une boutique en ligne. Cette dernière était toujours en phase de test lorsque le coronavirus est arrivé dans notre pays et a dû se préparer à la tempête en l’espace de quelques jours. Lorsque les Belges se sont mis à faire des réserves, Dierendonck a vu le chiffre d’affaires de ses boucheries augmenter. Mais il savait qu’il y aurait un revers à la médaille une fois que les citoyens auraient fait leurs provisions. Avec la fermeture de l’horeca, les livraisons se sont faites rares et Hendrik a dû trouver des solutions. Les boucheries ont été équipées de séparateurs en plexiglas et tout a été mis en œuvre pour que les clients se sentent en sécurité. Une fois le confinement entré en vigueur, Hendrik a placé tous ses produits sur sa boutique. Avec succès :
Les boucheries ne sont plus ouvertes que le matin. L’après-midi, les bouchers livrent des commandes aux clients qui ne souhaitent plus sortir de chez-eux. La livraison se fait à l'aide de masques et de vêtements adaptés, et le paiement par bancontact est privilégié. »
Le restaurant « Carcasse » a dû fermer ses portes, mais ici aussi, Hendrik a rivalisé de créativité. Dès la semaine prochaine, la boutique en ligne www.dierendonck.shop proposera un box Carcasse contenant des ingrédients et une recette pour cuisiner soi-même et préparer un repas digne des restaurants étoilés chez soi.
« Chaque jour apporte son lot de nouveautés. Nous vendons par exemple un box BBQ sur notre boutique en ligne. Elle était à l’origine destinée à 6 personnes, mais puisqu’il est à présent interdit d'inviter des gens à son barbecue, nous avons réduit les volumes. Nous avons dû nous adapter très rapidement lorsque le beau temps est arrivé et composer un box pour 4 personnes. »
Le networking vient naturellement
Hendrik est également très actif sur les réseaux sociaux et a fait de Facebook et d’Instagram ses principaux outils de communication en cette période d’épidémie de coronavirus. « Le networking vient naturellement chez moi. Je m’intéresse aux gens et à ce qu’ils font. Et j’aime moi aussi partager mes occupations. Je pense qu’il est essentiel que les clients connaissent la personne et l’histoire qui se cachent derrière Dierendonck, et non seulement le produit. Je ressens en ce moment un énorme soutien de la part des gens et cela me fait chaud au cœur. »
Des conseils pour les entrepreneurs durant cette crise du coronavirus ? « Soyez rationnel, prenez vous-même les choses en main et revenez à l’essentiel. Travaillez plus sobrement et examinez la situation de manière réfléchie. Restez calme et économisez là où vous en avez l’occasion, sans exagérer. Les gens trouveront toujours un moyen de faire du commerce. Par les temps qui courent, bénéficier d’un réseau est d’une importance capitale. »
Le confinement a représenté un boom pour les commerces locaux, et Dierendonck en a également profité. « Les jeunes générations sont beaucoup plus adeptes de l’achat local. Elles se rendent à la boucherie et posent des questions sur la viande, sur sa provenance. C’est quelque chose que l’on voit moins chez les générations plus âgées, mais le coronavirus a changé la donne. Les personnes qui avaient l’habitude de dévorer des pièces de viande issues de pays comme l’Argentine, la Nouvelle-Zélande ou même le Japon dans les restaurants se tournent désormais vers les produits de chez nous. Les agriculteurs avec lesquels je travaille bénéficient d’un nouveau souffle. On assiste à une sorte de revalorisation de ce secteur. Le fait que de plus en plus de personnes achètent local aura certainement des conséquences. Elles y prêteront davantage attention, mais pour combien de temps, ça je ne sais pas. »
À quoi ressemble une journée de travail avant et durant la crise du coronavirus ?
Le meilleur conseil que Hendrik Dierendonck puisse donner aux co-entrepreneurs ? « Il vaut mieux essayer et peut-être échouer que d’avoir des regrets. La passion est essentielle et vous devez la transmettre à vos clients. Faites ce qui vous plaît avec conviction. Et favorisez une croissance modérée pour garder le contrôle. » Hendrik termine en soulignant qu’il faut toujours soutenir l’entrepreneuriat. « Nous en avons besoin ».
Il décrit son aventure entrepreneuriale comme une succession de hauts et de bas. « Entreprendre, c’est comme faire du skateboard : des centaines d’essais pour un jour enfin y arriver. »