La semaine de travail de quatre jours reste un phénomène marginal dans les entreprises belges
Deux ans après le Deal pour l’emploi, le système est surtout présent dans les grandes entreprises
Bruxelles, le 18 octobre 2024 – Près de deux ans après le Deal pour l’emploi, 0,75 % des travailleurs de notre pays travaillent sous le régime de la semaine de quatre jours. Cela signifie qu’ils exécutent un contrat à temps plein en quatre jours de travail au lieu de cinq. C’est ce qu’il ressort d’une étude réalisée par l’expert en RH Acerta Consult, sur la base de données de 21 000 employeurs et de 220 000 travailleurs sous contrat à durée indéterminée à temps plein.
La semaine de quatre jours de travail à temps plein reste un phénomène rare
Depuis le 20 novembre 2022, un travailleur peut prester un contrat à temps plein en quatre jours dans le cadre du Deal pour l’emploi. Les pouvoirs publics ont ainsi redonné un petit coup de pouce à la semaine de quatre jours, qui existait déjà d’une certaine manière auparavant. Aujourd’hui, deux ans plus tard, 0,75 % des travailleurs belges, sous contrat à durée indéterminée dans le secteur privé, travaillent sous le régime de la semaine de travail à temps plein en quatre jours. Il s’agit d’une hausse de 24 % par rapport à fin 2023. Par rapport à il y a trois ans, avant le Deal pour l’emploi, il s’agit même d’une augmentation de 63 %. Mais les chiffres actuels montrent surtout que ce régime particulier reste un phénomène rare, même deux ans après l’expansion du Deal pour l’emploi. Le système est légèrement plus populaire chez les ouvriers (0,95 %) que chez les employés (0,64 %).
Illustration 1 : Pourcentage de travailleurs (ouvriers, employés et tous) sous contrat à durée indéterminée à temps plein ayant une semaine de travail de quatre jours – Chiffres Acerta au 31 décembre, sauf 31 juillet pour 2024
Olivier Marcq, expert juridique chez Acerta Consult, explique : « Le fait que le système soit légèrement plus populaire chez les ouvriers que chez les employés n’est pas si surprenant, car le régime des quatre jours était déjà utilisé avant le Deal pour l’emploi dans certaines situations, y compris par les ouvriers. Depuis, le Deal pour l’emploi a étendu cette possibilité à tous les secteurs, mais elle ne semble pas vraiment réalisable pour tous les emplois et dans tous les secteurs. Les travailleurs ne semblent pas non plus souhaiter adopter ce rythme. Pour l’instant, la valeur ajoutée du système réside davantage dans le filet de sécurité qu’il offre aux travailleurs pour aménager différemment leur semaine de travail, s’ils le souhaitent. Pour les employeurs comme pour les travailleurs, il est important d’oser se demander quelle est la meilleure forme de travail dans leur situation. Pour certains, la semaine de quatre jours peut réellement apporter une solution pour mieux équilibrer la vie professionnelle et la vie privée, pour d’autres, elle ajoutera une charge supplémentaire. »
Ce sont surtout les grandes entreprises qui adhèrent à la semaine de travail à temps plein en quatre jours
Dans 2,75 % des entreprises, certains travailleurs prestent déjà une semaine de travail à temps plein en quatre jours. C’est un peu plus qu’à la fin de l’année dernière, lorsque le régime était en place dans 2,38 % des entreprises. C’est surtout dans les grandes entreprises, à partir de 50 travailleurs, que le système s’installe. 36 % des plus grandes entreprises (+500 travailleurs) ont au moins un travailleur travaillant à temps plein sur une semaine de quatre jours. Pour les entreprises de 200 à 500 travailleurs, le chiffre est de 22,7 %. Mais sur l’ensemble de la main-d’œuvre, ces travailleurs font l’exception.
Illustration 2 : Pourcentage d’employeurs dont au moins un collaborateur à temps plein travaille quatre jours par semaine, évolution 2021-2024 et par taille d’employeur pour 2024
Olivier Marcq poursuit : « Le fait que ce régime soit plus susceptible de s’imposer dans les grandes entreprises s’explique par le fait qu’il est plus facile d’assurer la continuité dans ces entreprises. Il est également plus évident d’y gérer tout ce qui est administratif. En effet, le régime des quatre jours exige un effort administratif supplémentaire de la part de l’employeur et du travailleur, par exemple parce que cet engagement n’est valable que pour une période de six mois, et parce que chaque demande doit faire l’objet d’une réponse écrite. Par ailleurs, la Belgique n’est pas le seul pays à envisager des solutions de remplacement à la semaine de travail classique de cinq jours et de 38 heures. Au Portugal et en France, par exemple, il existe des projets pilotes. Plusieurs options sont mises à l’essai : fermeture collective d’un jour, auquel cas tout le monde devrait passer au système des quatre jours, réduction de la semaine de travail à temps plein à 36 heures et répartition sur quatre jours, etc. Ces projets pilotes permettent principalement de tester ce qui pourrait fonctionner pour les employeurs et les travailleurs. Pour l’instant, il ne semble pas probable que le système provoquera un bouleversement du marché du travail dans notre pays. »
Déconnexion et plans de formation
Outre la semaine de quatre jours, la loi sur le travail prévoit également le droit à la déconnexion pour les travailleurs et l'obligation pour les entreprises d'établir un plan de formation annuel pour leurs travailleurs avant le 31 mars. Acerta a constaté que les entreprises investissent clairement dans ce domaine depuis la nouvelle législation.
Olivier Marcq: « Avant l'entrée en vigueur du droit à la déconnexion et des plans de formation obligatoires, nous n'avons pratiquement jamais reçu de demandes de soutien de la part des entreprises. Depuis le Deal pour l’emploi, nous avons soutenu plus de 150 entreprises dans leur approche du droit à la déconnexion Depuis lors, nous avons également aidé environ 250 entreprises à élaborer un plan de formation conforme. Cela montre que, par rapport à il y a deux ans, les entreprises accordent beaucoup plus d'attention à l'apprentissage tout au long de la vie et à la préparation au travail grâce à la législation. »
À propos des chiffres
Les pourcentages reposent sur les chiffres réels de 220 000 travailleurs sous contrat à temps plein en service auprès 21 000 employeurs du secteur privé. De 2021 à 2023, il s’agit des chiffres du 31 décembre, pour 2024, ce sont ceux du 31 juillet. L’échantillon reflète le marché du travail du secteur privé en Belgique en ce qui concerne le statut, le genre, l’âge, le régime de travail, la région et la taille des entreprises.
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