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8 Belges sur 10 souhaiteraient prendre leur pension avant 65 ans, mais seuls 4 sur 10 le font réellement avant l’âge l’égal de la pension

Étude sur les pensions réalisée par Acerta

Bruxelles, le 4 juin 2024 – Huit Belges sur dix souhaiteraient prendre leur pension avant l’âge de 65 ans, mais seuls quatre sur dix quittent effectivement leur poste avant l’âge légal de la pension. Les indépendants sont proportionnellement beaucoup plus nombreux à prendre leur pension avant leur 65e anniversaire que les travailleurs. Près de deux indépendants sur trois qui ont pris leur pension l’année dernière l’ont fait au plus tard à 64 ans. Ce sont les secteurs qui n’exigent pas de formation longue et où le travail exécuté est physiquement lourd qui connaissent les départs à la pension les plus précoces. C’est ce que révèle l’étude annuelle sur les pensions réalisée par l’expert en RH Acerta sur la base des données de plus de 570 000 travailleurs et de 190 000 indépendants en activité principale. « Nous nous attendons à ce que l’introduction du bonus pension influence les chiffres à partir de l’année prochaine », estiment les experts d’Acerta Consult et de la caisse d’assurances sociales d’Acerta.  

Dès le 1er juillet, les travailleurs pourront commencer à constituer leur bonus pension s’ils acceptent de continuer à travailler au-delà de leur première date possible de départ à la pension. Cette mesure ne semble toutefois pas faire l’unanimité, selon une nouvelle étude d’Acerta. Huit Belges sur dix préféreraient en effet prendre leur pension avant leur 65e anniversaire s’ils y étaient autorisés. La plupart restent tout de même réalistes : les trois quarts (73 %) s’attendent à devoir attendre au moins jusqu’à leur 65e anniversaire, et 47 % pensent même qu’ils ne pourront pas dire adieu à leur travail avant d’avoir 67 ans.

Actuellement, quatre travailleurs sur dix (41 %) prennent leur pension avant l’âge de 65 ans. Dans certains secteurs, la proportion de travailleurs optant pour une pension anticipée est supérieure à la moyenne. C’est le cas dans la construction (59,52 %), la logistique et le transport (58,67 %), l’horeca (56,1 %) et le commerce de gros et de détail (51,85 %). Le secteur qui, à l’inverse, connaît les départs à la pension les plus tardifs est le non marchand, dont font notamment partie les hôpitaux et les maisons de repos et de soins. La proportion de travailleurs qui tirent un trait sur leur carrière active avant l’âge de 65 ans y est de 31,42 %.

Illustration 1 : Pourcentage de travailleurs sous contrat à durée indéterminée qui ont pris leur pension, en fonction de l’âge + évolution, situation générale

Illustration 1 : Pourcentage de travailleurs sous contrat à durée indéterminée qui ont pris leur pension, en fonction de l’âge + évolution, situation générale

Illustration 2 : Pourcentage de travailleurs sous contrat à durée indéterminée qui ont pris leur pension en 2023, selon l’âge et par secteur, par sexe et par statut – Chiffres d’Acerta

Illustration 2 : Pourcentage de travailleurs sous contrat à durée indéterminée qui ont pris leur pension en 2023, selon l’âge et par secteur, par sexe et par statut – Chiffres d’Acerta

Olivier Marcq, expert juridique chez Acerta Consult, explique : « Les secteurs où les départs avant l’âge de 65 ans sont nombreux sont également ceux où les travailleurs commencent leur carrière tôt. Il est donc tout à fait logique que ces travailleurs partent le plus tôt. Par ailleurs, il s’agit de secteurs qui comptent de nombreux ouvriers. Les chiffres des pensions le confirment : les ouvriers sont plus nombreux à prendre leur pension de manière anticipée. 52,23 % d’entre eux prennent en effet leur pension avant l’âge de 65 ans. Du côté du secteur non marchand, nous observons la tendance inverse : les travailleurs sont nombreux à rester actifs plus longtemps que la moyenne. Ce secteur compte en effet de nombreuses femmes et ces dernières ne disent pas adieu à la vie active aussi tôt que les hommes. Seules 38 % des travailleuses belges ont en effet pris leur retraite avant l’âge de 65 ans. Plusieurs options s’offrent aux employeurs qui souhaitent inciter leurs travailleurs à rester en poste. Ils peuvent par exemple leur proposer un emploi faisable, un rôle qui ait un véritable sens à leurs yeux. Les carrières durables axées sur le développement, la croissance et le déploiement continus, où il est évident que les rôles et les fonctions évoluent au fur et à mesure que la carrière avance, devront devenir la norme. Cela permettra de rapprocher davantage l’âge réel de la pension et l’âge auquel les travailleurs souhaitent la prendre. »

Les indépendants sont plus nombreux que les travailleurs à prendre leur pension avant l’âge de 65 ans

Parmi les indépendants, l’âge moyen de la pension a légèrement baissé au cours de l’année dernière, pour atteindre 63 ans et un mois et demi. Le pourcentage d’indépendants qui quittent leur emploi avant 65 ans, soit 64,5 %, est nettement plus élevé que celui des travailleurs. Les secteurs où le travail physique est lourd font baisser l’âge moyen de la pension. En 2023, par exemple, 84 % des indépendants du secteur de la construction ont pris leur pension avant l’âge de 65 ans. En revanche, cette situation est compensée par les professions libérales, où les indépendants restent plus longtemps actifs : seuls 23 % d’entre eux prennent leur pension avant 65 ans.

Illustration 3 : âge moyen de départ à la pension des indépendants – chiffres d’Acerta

Illustration 3 : âge moyen de départ à la pension des indépendants – chiffres d’Acerta

Mieke Bruyninckx, experte juridique chez Acerta Caisse d’Assurances Sociales, explique : « Pour prendre votre pension de manière anticipée, vous devez avoir commencé votre carrière tôt. Cette situation est légèrement plus fréquente chez les indépendants que chez les travailleurs. Celles et ceux qui ont quitté leurs fonctions à 62 ou 63 ans en 2023 avaient déjà commencé à travailler à 19, 20 ou 21 ans. Cette tendance s’observe davantage dans la construction que, par exemple, chez les médecins ou les avocats, dont la formation est plus longue. Il reste maintenant à voir quels seront les effets du bonus pension. Dès le 1er juillet 2024, les travailleurs pourront en effet se constituer un bonus pension s’ils continuent de travailler au-delà de la première date possible de départ à la pension. Un travailleur avec une carrière de moins de 43 ans à la première date possible de départ à la pension gagnera ainsi environ 3900 euros la première année de travail supplémentaire, 7800 euros la deuxième, et 11 700 euros la troisième. Au total, son bonus pension pourra donc s’élever à 23 565 euros. Quant aux travailleurs avec au moins 43 ans d’ancienneté, ils bénéficieront directement du bonus le plus élevé, soit 11 700 euros par an, ce qui porte le montant total du bonus pour ce groupe à 35 347 euros. On peut donc s’attendre à ce que le bonus pension ait un effet sur le comportement des travailleurs qui ont une carrière d’au moins 43 ans et qu’il les incite au moins à reconsidérer ce qu’ils avaient prévu pour leur pension. Il reste à voir si les indépendants ayant moins de 43 ans de carrière seront convaincus de reporter leur départ à la pension, d’autant plus qu’ils devront continuer à payer leurs cotisations sociales, et donc payer leur propre bonus la première année. »

Illustration 4 : âge de départ à la pension souhaité par rapport à l’âge réel – Enquête Miroir 2024 Acerta/Indiville menée auprès des travailleurs

Illustration 4 : âge de départ à la pension souhaité par rapport à l’âge réel – Enquête Miroir 2024 Acerta/Indiville menée auprès des travailleurs

Bref aperçu des options qui s’offrent actuellement aux travailleurs belges en matière de pension :

Bref aperçu des options qui s’offrent actuellement aux travailleurs belges en matière de pension

À propos des chiffres

Cette étude est basée sur les données réelles de quelque 574 000 travailleurs (ouvriers et employés) sous contrat à durée indéterminée en service auprès d’environ 35 000 employeurs du secteur privé, et sur les données réelles de 190 000 indépendants en activité principale.

L’enquête miroir est une double enquête qu’Acerta Consult fait réaliser par le bureau d’enquête Indiville auprès d’un échantillon représentatif composé de plus de 500 employeurs et de 2700 travailleurs belges. Les données des travailleurs ont également été pondérées afin d’être représentatives de la Belgique en termes de statut, d’âge, de sexe, de langue et de secteur. Les questionnaires ont été remplis entre le 16 janvier et le 1er février 2024 par les travailleurs.


Des questions en tant que journaliste ?

Veuillez contacter Acerta – Sylva De Craecker

+32 478 27 93 62
Sylva.De.Craecker@acerta.be

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