Deux entreprises qui se partagent un travailleur : 62 % des employeurs sont ouverts à un double employeur
Bruxelles, le 21 décembre 2019 – Deux employeurs sur trois ont compris que tenter de résoudre le puzzle des talents et des tâches dans les limites propres de l’entreprise n’est pas toujours la méthode de gestion la plus efficace. C’est ce que révèle une enquête menée par l’entreprise de services RH ACERTA. Les entreprises se disent disposées à partager certains travailleurs. Au lieu d’essayer de résoudre soi-même les troubles de croissance, un double employeur peut représenter une nouvelle piste.
Double employeur : près de deux employeurs sur trois ne disent pas non
Les employeurs seraient-ils ouverts à l’idée de partager certains collaborateurs avec d’autres employeurs afin de les occuper moyennant des accords clairs ? Les employeurs ont répondu le plus positivement à cette question pour le groupe des employés : 44,2 % seraient prêts à partager des employés avec d’autres employeurs. Ils se montrent un peu plus réticents quant aux ouvriers (22,8 %) et aux cadres (22,9 %).
Figure 1 : pourcentage d’employeurs ouverts ou non à l’idée de partager des travailleurs avec d’autres employeurs (enquête employeurs Acerta 2019)
Amandine Boseret, juriste chez Acerta, commente : « Voilà un bel exemple de nouvelle dynamique sur le marché de l’emploi : 62,4 % acceptent un double employeur. Une nouvelle dynamique qui a encore une grande marge de croissance en termes de portée. D’une enquête précédente, nous avons déjà appris par exemple que les employeurs doutent du fait que leurs collaborateurs estiment que l’employeur partagé est une idée envisageable. Selon les employeurs, 41 % des employés n’y seraient pas favorables. Si les parties concernées osent discuter franchement du double employeur, cette idée peut devenir un nouveau levier. »
Une expérience externe supplémentaire profite aussi en interne
Pourquoi les employeurs envisageraient-ils de partager des talents avec une autre entreprise ? Voici les avantages perçus par les employeurs :
- De cette manière, les travailleurs concernés acquièrent également de l’expérience susceptible d’être utile pour mon entreprise
- Cela offre à mon entreprise l’opportunité d’avoir recours à des talents/compétences spécialisé(e)s que je ne trouve pas maintenant
- Je peux influencer positivement la rétention de mes bons travailleurs de cette façon
- Cela me donne l’occasion de gérer les périodes de pointe et de creux au travail
- Je dispose à présent de certaines fonctions pour lesquelles je n’ai pas d’emploi à temps plein
Figure 2 : Motifs de partager du personnel pour les employeurs (enquête employeurs Acerta 2019)
Amandine Boseret ajoute : « En outre, il est intéressant pour les employeurs de partager les frais salariaux de cette manière. Les employeurs considèrent l’expérience supplémentaire comme un facteur convaincant tant pour les ouvriers que pour les employés et les cadres. Ils estiment également que le facteur de la rétention importe surtout pour les employés et les cadres. Et partager un travailleur peut représenter une alternative pour des tâches que les entreprises doivent actuellement externaliser car elles n'ont pas de mission à temps plein à cet effet. »
Les travailleurs partagés, surtout une question de confiance
Quand les employeurs envisageraient-ils de partager des talents avec une autre entreprise ? Voici les conditions auxquelles il faudrait répondre, selon les employeurs, afin de sauter le pas vers l’employeur partagé l’esprit tranquille :
- Un lien de confiance avec l’autre employeur
- La proximité géographique de l’autre employeur
- Pas d’organisations concurrentes
- Un lien culturel avec l’autre employeur
- Rester dans le secteur
- Beaucoup de moments de concertation avec l’autre employeur
- D’autres périodes de pointe et creux au travail
- L’autre employeur doit présenter environ la même taille
Figure 3 : Les conditions à remplir, selon les employeurs, afin d’adhérer à un trajet partagé (enquête employeurs Acerta 2019)
Amandine Boseret : « Selon qu'il s’agisse d’ouvriers, d’employés ou de cadres, les conditions revêtent un poids différent. Mais la confiance mutuelle entre les employeurs occupe une place essentielle, plus que l’inquiétude de ne pas collaborer avec une entreprise concurrente, par exemple. Par ailleurs, il convient de souligner que les employeurs accordent moins d’importance à un lien culturel avec l’autre organisation, surtout quand il est question d'ouvriers. Et ce, contrairement à la proximité géographique, considérée comme très importante. »
Plusieurs options de co-emploiement
Il existe différentes possibilités en vue de partager du personnel. Un exemple classique est le travail intérimaire, où un travailleur a deux employeurs : celui où il est occupé et l’agence intérim. Mais d’autres possibilités s’offrent encore aux organisations. Ann Mertens explique : « Le co-emploiement constitue une nouvelle approche, où plusieurs employeurs occupent la même personne. Ainsi, un spécialiste informatique peut par exemple travailler à la fois pour un bureau comptable et un bureau d’architectes, selon un seul contrat de travail. »
Amandine Boseret : « La loi relative au travail faisable et maniable a déjà simplifié de nombreuses procédures, notamment par la réforme du système de groupements d’employeurs. Pourtant, une simplification plus poussée est toujours nécessaire. En effet, nous constatons que 62,4 % des employeurs sont ouverts à l’idée de partager des travailleurs avec d’autres employeurs, mais que la distance entre se montrer ouvert et le faire effectivement est encore grande. Si les employeurs veulent partager du personnel, ils ne le font pas encore pour des raisons de complexité. Le cadre législatif doit être simplifié davantage. »
À propos des chiffres
Les données sont issues de l’enquête biennale qu’ACERTA fait réaliser par le bureau d’enquête Indiville auprès d’employeurs, CEO et membres de la direction belges. Celle-ci a eu lieu de mars à avril 2019. Nombre de participants : avec un sous-ensemble de 596 participants, un échantillon pertinent au niveau statistique et reflétant le marché de l’emploi belge a été réalisé. Cette enquête est le pendant de l’autre enquête biennale d’ACERTA auprès de 1 700 travailleurs.
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Veuillez contacter Acerta – Sylva De Craecker